• Ethique et philosophie


Journée du 05/04

Présentation de Cécile Renouard : Télécharger le fichier T_Camp_5_et_6_avril__2019_Dmarche_thique_et_responsabilits_de_lentreprise.pdf

Ethique et fondements philosophiques (et rapport d'étonnement de la journée) : https://pad.colibris-outilslibres.org/p/Ethique

Discernement, démarche éthique et responsabilités de l'entreprise - Par Cécile Renouard -


Rapport d'étonnement de la journée du 05/04

Repères clés de philosophie : liberté, discernement moral, justice ; rôle de la fiction (littérature ou cinéma) pour se poser de nouvelles questions et ouvrir de nouveaux horizons ; après-midi notions clés,
Grands courants : Kant, Walzer, Descartes, Rawls

  • Notions de valeurs universelles selon Walzer déterminées par des expériences réitératives et collectives

  • Liberté éclairée

  • Sphères de justice (Walzer)

  • Imaginaire au service de la réflexion

  • Critique de l'utilitarisme au sein-même du mouvement

  • Utilitarisme et déviation vers la manipulation (servir l'intérêt personnel au nom de l'intérêt collectif)

  • Recherche de principes universels de justice qui peuvent déboucher sur la notion d'égalité complexe

  • Développement durable : prendre aussi les dimensions culturelle, politique et géographique

  • Ethique théologique et téléologique des valeurs et des vertus

  • Morale déontologique VS téléologique

  • Notion de responsabilité et de limites planétaires

  • "Gros porcs expatriés" de Total

  • Articulation entre justice et amour de Ricoeur

  • Sagesse pratique de Ricoeur

  • Syndrome du bon élève

  • Débat mouvant sur "pour ou contre avoir des enfants pour des raisons écologiques" : différence entre vision personnelle et arguments éthiques

Préambule : retour sur notre programme et sur les constats


Nous avons étudié ces trois derniers jours :

  • Constat sur le climat (N. Mélières)

  • Enjeux macroéconomiques (G. Giraud)

  • Enjeux internationaux (E. de Romémont, X. Ricard)

  • Financement de la transition (A. Grandjean)

  • Transition écologique et démocratie (L. Blondiaux, maires)

Engage toute notre personne, pas que la tête, vu avec les jeux, la marche et le travail qui relie.

Objectifs du module :


  • Réfléchir à ce que peut être une démarche éthique qui peut traverser tous les pans de notre société

  • Comment l’éthique pt être comprise comme une démarche, comme ce qui nous aide à vivre.

Il faut descendre en nous et voir quelles émotions ça suscite.

Les termes :

- Discernement : fait référence à "crisis", l’idée de crise et savoir réagir face à cela
- Démarche : c’est une manière de s’interroger sur la manière dont nos modèles économiques sont amenés à bouger (quels dispositifs pour changer, quelle mobilisation à échelle individuelle et collective ?). Chacun fait face à ses interrogations, mais la prise de position individuelle ne favorise pas débat collectif et recherche commune.
Une recherche commune de prise de position est importante car si on s'arrête sur des positionnements individuels cela ne suffira pas. (Cf le module sur les communs)
- Jalons sur les responsabilités de l’entreprise

Les Biens

Distinction entre biens privés et biens publics utilisée est insuffisante : qu'est ce qui fait l'objet de gestion publique ou privée ?
On distingue 4 catégories de biens, caractérisés par deux critères :

  • Rivalité : un bien est rival si sa consommation par un individu entrave à la consommation par un autre individu

  • Exclusion : tout individu peut être exclu de la consommation du bien


-
Non rivaux et non exclusifs
= biens publics, exemple : défense nationale -
rivaux et non exclusifs
= biens communs, exemple : biens partagés au sein d'une communauté -
non rivaux et exclusifs
= biens club, exemple : parc national -
Bien rivaux et exclusifs
= biens privés, exemple : téléphone portable

Démarche : questionnement philosophique : quel est le poids des mots que nous utilisons et comment on les ressent ?

Interrogation sur :

  • des principes (valeurs pour certains ou lignes directrices)

  • des attitudes (à la fois intellectuelles, éthiques, spirituelles) : conditionne d'être dans une perspective liée à un discernement, questionne émotions

  • chemin ou processus : on le voit très bien avec enjeux transition écologique, quel chemin pour chacun de nous, et collectivement. Chemin politique et quels outils à notre disposition (délibération) ?

  • Quel chemin prendre pour chacun de nous et collectivement ?

  • réflexion

  • délibération

  • et autres outils à notre disposition


CF intervention d’Émeline Baudet
Comment la fiction et la littérature peuvent nous aider à mobiliser une forme de questionnement éthique ?

Angle des principes

Description des grands courants philosophiques

Le dilemme :
Dilemme éthique : l’éthique est pleine de dilemmes
Ethique c'est se dire...
Ex de polaire chez Decat : est ce que je fais bien de l'acheter ? Choix perso de conso, on sait pas bien d'où ça vient, conditions peut être indignes, composition plastique/pétrole.

  • Autres exemples :

  • Ventes d'armes en Arabie Saoudite, la vente de ces armes à un pays où les droits de l'homme ne sont pas respectés pose un problème éthique, mais en même temps intérêt économique et public

  • Sur problèmes d'effondrement : ralentir pour moins faire souffrir ou au contraire l’accélérer pour que soit plus violent et qu'on passe plus vite à une suite plus heureuse, une réforme plus juste. (et dans des conditions plus favorables a la vie)

  • Entreprise qui voudrait faire une transition écologique : dilemme de la rapidité au prix de certains emplois ou de la lenteur pour sauver tous les emplois.

  • Choisir entre le bio emballé ou le traité en vrac

  • Grande surface ou magasin bio (avec prix qui rentre en compte)

  • Choisir entre plastique ou cuir

  • Protéines végétales rarement locales

  • Bouteilles en verre ou plastique

  • Transports : question du carburant, fausse question de devoir choisir entre gaz, électrique ou pétrole. Et question transports en commun : train mieux mais plus cher

  • faire des enfants ou non

  • Pas prendre l'avion/comment s'y prendre autrement

  • monnaie locale, nationale, internationale, blockchain


Les critères de dilemme ne sont pas forcément personnels, ils dépendent du contexte, des autres, de leur attitude
Martha Nussbaum et Cécile Ezran : émotions démocratiques et dilemmes tragiques, prendre des décisions dont on sait que les conséquences sont tragiques.

  • I. Qu'est-ce qu'une démarche éthique ?


Images de manifestations contre textiles. Salaires ne permettent pas d'avoir vie décente.
En quoi la donneuse d’ordre, la centrale d’achat qui fait fabriquer dans les pays du sud est responsable ?

Repères philosophiques :
  • 1/ Au fondement de tout choix : la liberté

Nous avons tous une capacité de choix, à poser des décisions librement
Liberté indifférente et libre-arbitre
Descartes lecture d'une citation sur la liberté éclairée (Méditations métaphysiques, 1641) : deux voies pour éclairer sa liberté.
Le niveau zéro = liberté d'indifférence.
Image de l'âne de Buridan : a deux tas de foin identiques mais ne choisit jamais d'aller à droite ou gauche pour se nourrir et finit par mourir de faim.
Définition du libre arbitre : capacité à faire des choix malgré des déterminations fortes, capacité à se décider même si des pressions s'exercent, d'autres ne sont pas de notre avis.
Quelle marge de manœuvre avons nous pour faire des choix ? L’argument de la complexité pour ne pas agir bloque ce libre arbitre

Descartes parle du bien et du vrai, il est la charnière entre le médiéval et la philosophie moderne : il relie le bien, le beau et le vrai (les universels).
Pour être libre il s’agit de prendre des décisions orientées par le souci du vrai et du bon.
St Augustin : "libertas" : ce qui importe pour nous "être humain" c'est s'orienter dans un sens qui nous fait vivre et avancer collectivement dans des principes que nous avons ensemble.
Le déterminisme : en permanence, on prend conscience que l'on ne peut faire tout ce que l'on voudrait. Sommes prisonniers de choix qui sont intérieurement contestés mais qui s'imposent.
pour Descartes, par nos capacités transformatrices, nous pouvons orienter nos choix, utiliser notre liberté, pour servir le progrès matériel de l'humanité.
Descartes est le penseur dualiste par excellence, oppose corps et esprit en permanence. Contrairement aux stoïciens, qui préfèrent consentir les choses qui ne dépendent pas d'eux.
Descartes pensait la Nature comme une masse mathématique qui pouvait être transformée par l'Homme à souhait.

Descartes a le mérite de distinguer différentes formes et différents degrés de liberté.

Castoriadis, philosophe et économiste, a réfléchi sur le fonctionnement de nos sociétés.

2/ Le discernement moral et le critère kantien du respect

Kant : "ose savoir", ose sortir de ta propre manière de voir les choses

- distinctions entre l’action accomplie par devoir ou conformément au devoir
Ex : une petite fille va acheter du pain pour 1 euros sur 5, le boulanger lui rend 4 il a été honnête donc moral mais ce n’est pas si sûr pour Kant car on ne sait si le boulanger l’a fait par peur que la maman le prenne pour un malhonnête ou réellement parce qu’il était de bonne intention.
La morale pour Kant ce n'est pas simplement de faire ce qui est bon pour la morale mais de voir l'intention derrière l'action.
Kant distingue :

  • L'action accomplie conformément au devoir

  • L'action accomplie par devoir

Impératif hypothétique : ce qui doit être fait en vue d'une fin particulière, action conditionnelle, obligations instrumentales liées à un objectif poursuivi.
Cela s'oppose à l'impératif catégorique : la capacité d'action de chaque individu dans la dignité et le respect de chaque personne : il s'agit de considérer chacun pas seulement comme un moyen mais aussi comme une fin.
"Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature", définition de l'impératif catégorique dans Fondements de la métaphysique des mœurs. Action inconditionnelle.

Comment concrètement on peut reconnaitre une vie digne ?
Comment on s'organise pour faire en sorte, ensemble, que chaque personne est une fin en soi ? Au quotidien, nous ne sommes pas attentif à chacun comme une fin en soi. Il appelle cela le règne des fins : un état de relation où chaque personne est considérée.
Il le justifie au nom d'une anthropologie, où il y distingue les personnes ayant une dignité et les choses un prix.
On doit veiller, malgré le fait que les gens sont instrumentalisés pour leurs objectifs, à les considérer pour ce qu'ils sont.
Est-ce que nous pensons que le mal peut avoir le dernier mot ? Ou est-ce qu'on distingue quelque chose qui serait originel au mal ? (penchant pour le mal ou pour le bien).
Kant dit que le penchant mal est second. Pense qu'il y a un dieu créateur à l'origine qui n'empoisonne pas sa création.
Question à avoir en soi : est-ce qu'au fond je ne crois pas que la source de la vie n'est pas empoisonnée ?
Confiance partagée à avoir : la source est une source de vie profondément.
Question fondamentale : de la manière dont on se situe dans l'existence.

Kant très discuté sur cette focalisation sur l'intention. Exemple quand je veux aider l'autre car cela me procure du bien, est-ce que cela est moral car il y a une forme d’intérêt derrière l'intention.
Il y a une vigilance à avoir, car nous risquons tous le fait de manipuler.
Péguy disait Kant a les mains pures mais il n’a pas de main !
"Tu dois donc tu peux" : capacité de faire son devoir
Morale de Kant : morale déontologique : insiste sur les devoirs, les obligations. Opposition à la morale téléologique (telos = le but ) qui insiste sur l'objectif, le but à atteindre avec des vertus à mettre en œuvre, des valeurs qui comptent. Une approche qui ne serait que déontologique serait insuffisante, car elle ne met pas en jeu les outils d'application des règles (ces outils seraient certaines valeurs).

3/ La norme morale et la visée éthique

Paul Ricoeur :
  • faire toujours son miel de la pensée des autres : il est un conciliateur pour voir comment tirer de chaque pensée des éléments qui aident à avancer
  • ref : « Soit même comme un autre » 1987
Petite éthique :
  • Norme morale : approche déontologique ou morale du devoir
  • Visée éthique : approche téléologique ou l'éthique des vertus
  • Sagesse pratique : philosophie proche des pensées d'Aristote, forme de vie à l'intérieur même de l'absurde ou du désespoir

Le raisonnement éthique trouve son terme car on ne peut rationaliser le mal et il y a du mal irréductible
La sagesse pratique : capacité à consentir, à donner du sens : consentir activement
(CF Joanna Macy : même dans l'absurdité, on peut donner du sens ; élan vers la vie)
"La visée de la vie bonne avec et pour autrui dans des institutions justes" : définition de la démarche éthique
Vie bonne : comment agir, quelles sont les composantes de la vie bonne. Lien avec le vivre ensemble, la pachamama
Buen vivir : vie bonne, vie qui vient et qui est avec la mère terre (Amérique latine).

Institutions justes : il ne suffit pas que chacun d'entre nous se dise "je fais faire ma part dans ma petite échelle pour moi", nos actions dépendent et influencent l'extérieur : nous avons besoin de réfléchir sur nos institutions et les faire évoluer de manière ajustée. Enjeux de responsabilité collective : il ne suffit pas d'agir personnellement
Conceptions substantielles du bien différentes : des personnes défendent des conceptions du bien très différentes, exemple sur l'avortement ; des personnes vont adopter des définitions substantielles du bien et de la vie bonne, qui peuvent être en tension les unes avec les autres.
Beaucoup de philosophes ont donc décidé de s'accorder sur la réconciliation de la définition de ce qui est juste
Institution au sens large comme ce qui organise le vivre ensemble (politique, sociale, éducative, culturelle). Vient de stabilité ?
John Rawls

4/ Utilitarisme, le bien et le bien-être

Système de pensée qui a eu le plus influence sur nos sociétés depuis deux siècles, notamment dans le domaine économique
Jeremy Bentham : "Recherche du plus grand bonheur pour le plus grand nombre"
- Ce qui importe : un bonheur collectif : sociétés dans lesquelles le plus grand nombre ait accès à un certain nombre de biens et de services
- Il faut donc réfléchir à partir du critère du bonheur, critère extrêmement vague : utilité (terme économique), plaisir… Permettre à chacun d'accroître sa propre utilité, et participer au bien collectif en développant les conditions de son propre bonheur.
- Outil pour déterminer l'utilité personnelle : calcul
Ex : quelle est l'utilité du TCamp ? Pas de chauffage, choses qu'on fait auxquelles on n'est pas habitués… Quelle utilité pour cela ?
Questionnement de Bentham : avant de faire quelque chose, il faut évaluer si le bonheur qui va en découler va nous procurer du plaisir ou pas, si ce sera utile pour moi (avant les autres…)
Diversité de formes d'utilitarisme : John Stuart Mill (philosophe, activiste, penseur du libéralisme, grande figure de l'Angleterre au 19ème), fils de James Mill, enfant précoce… s'interroge sur la formation qu'il a reçue, en pesant ce qui a été utile, pas utile… Questionnement sur le bonheur collectif en ayant une approche plus riche et plus profonde que celle de Bentham, en mettant en avant la justice.
Critique de Mill sur la vision de l'utilitarisme de Bentham :
  • attention aux calculs utilitaristes : suffit-il de poser comme objectif le fait de faire grossir la richesse, raisonner en termes quantitatifs ?
  • Par ailleurs, quand on développe sa propre utilité, on ne contribue pas forcément au bien collectif, sachant qu'en plus nous n'avons pas forcément les mêmes conceptions de ce qui fait le bonheur et l'utilité, et que notre conception peut se retrouver à l'opposé de l'idée du bien collectif.
Propose une réflexion sur ce que l'on entend par "bonheur", "utilité" ou "plaisir" : précurseur de l'écologie et du développement durable.
Formule de Mill : il y a peut être dans l'existence humaine des choses plus importantes, ses capacités esthétiques, morales, ses "facultés supérieures" qui s'opposent à bien-être matériel.
"Mieux vaut être un Socrate insatisfait qu'un cochon satisfait"
pourquoi courons nous, quel est le sens de notre activité personnelle ?
question des inégalités, du partage des richesses créées…

Critique interne de la pensée utilitariste par Mill
Mill invite à un vrai discernement des critères de choix individuel et collectif.
Éducation : nous exercer ensemble et chacun à ce qui est désirable de se préoccuper du bien-être des autres. Maximisation de l'utilité de chacun comprise dans le bien-être collectif
Travailler dans notre système éducatif pour que chacun se préoccupe du bonheur des autres, il faut aussi des règles qui permettent d'encadrer le fonctionnement des institutions (car Mill est conscient que chacun ne va pas forcément se préoccuper du bonheur des autres).
Utilitarisme s'est développé dans une ligne économiciste (faire grossir le gâteau), opposé à vision de Mill.
Critique de Mill intéressante dans un dialogue avec les autres : elle peut aider car elle permet de discuter avec des personnes qui ont une vision utilitariste en partant de leur terreau, mais en leur proposant une autre approche.

Proposition de Mill proche de morale Kantienne : on oppose morale de Kant et utilitarisme mais bcp moins quand on parle de Mill.

Exemple de l'écologie :

  • Kant dirait qu’il y a une manière de respecter des équilibres qui conditionne le souci de la dignité des personnes

  • Différence entre l'ordre des phénomènes (lois de causalité dans la nature) et ordre de la liberté Nouménale (humaine) qui ne s'identifie pas dans les liens cause à effet.
  • Reproche fait à Kant : comment distingue t’on les hommes des animaux des plantes / les personnes ont une dignité les choses ont un prix mais alors quid de la biodiversité ?

  • Approche téléologique dirait que nature va apporter bien être et bonheur et c'est pour ça qu'on doit la respecter

Quelles sont les vertus qui nous permettent de respecter la nature : comment cultiver des vertus qui nous permettent de mieux nous inscrire dans les systèmes naturels ?
Arrêter de nous concevoir comme étant "à côté" de la nature mais plutôt comme faisant partie de la nature.
Retour sur le terme "vertu" : éthique chez Aristote, question de vertu et de "juste milieu".
Vertus :
  • intellectuelles : science, intelligence, art, sagesse
  • morales :
    • cardinales : tempérance, force, prudence, justice
      • secondaires : douceur, religion, libéralité, magnificence, magnanimité, amitié, vérité, pauvreté
  • théologales : foi, espérance et charité
  • Vertus : Non prises comme des contraintes, mais des manières de vie attractives

  • Utilitarisme : Question de mesure des impacts, qu'est ce qui va avoir le plus d'impact. Ex : construire un barrage. Permet l'accès à l'électricité pour certains mais destruction d'habitat pour d'autres

Calcul qui permet de laisser de coté de nombreux accès négatifs sous prétexte de faire grossir le bien collectif
Attention à bien réouvrir l’espace pour prendre la question autrement. Pb de la question mal posée

Allégorie de la Caverne : nous sommes tous enchaînés dans l'ombre de la caverne et l'on regarde le monde qui se dessine sur le mur grâce aux ombres projetées du dehors. Jusqu'à ce que quelqu'un décide de se lever et d'aller voir ce qu'il y a derrière nous, vers la lumière du dehors qui éblouie celui qui passe de l'ombre à la lumière (temps d'adaptation). Lumière = soleil = ce qui permet de discerner (le bien et le mal) (d'autres parleront de Vérité). théorie où l’on va sortir de la caverne pour être éclairé, devenir philosophe pour mieux redescendre dans la caverne (Top down) par opposition à Aristote pour qui les vertus viennent de l’échange collectifs, plutôt du bas (Bottom Up)


--> Transition avec Aymeline
[Thèse d'Aymeline sur les enjeux du lien social et biens communs à travers oeuvres venant d'Afrique et d'Amérique latine]

La manière de poser les questions est absolument fondamentale en éthique.
Pour savoir si l'on s'est posé les bonnes questions, il faut passer par l'art, le cinéma, la littérature, bref s'ouvrir l'esprit.

2 romans : il n'y a jamais qu'un seul enjeu, mais un faisceau d'enjeux
- L'aventure ambigüe (1952) de Kane A. : grand roman, société sénégalaise, place de l'éducation européenne dans une société africaine qui vient d'être colonisée
Dilemme : que faire de leurs enfants ? Les emmener à l'école des blancs ? Permettrait d'avoir les outils des blancs et "vaincre sans avoir raison". Danger : perdre contact avec ancrage religieux et spirituel qui fait la force du village.
Permet de se poser la question : quelle est la place de la technologie ? A quoi sert de connaître des outils technologiques ?
3 personnages majeurs (3 personae) incarnant chacun un pole :
Le maître spirituel opposé, la grande royale pour et le chef qui ne sait pas trop

- Le chant de la Tamassee (Ron Rash, 2016)
Se déroule en Caroline du Sud. Rivière sacrée. Un jour fillette se coince dans roche de rivière. Seul moyen de l'en sortir : dévier la rivière. Dilemme : sortir le corps pour lui offrir une sépulture digne au détriment de la rivière ou bien on ne peut toucher à cette rivière. Tous les villages se déchirent par rapport à cette question
Renvoie à dilemme sur de nombreux territoires aujourd'hui : changements qui causent pertes culturelles ou environnementales.
Enjeux : rapport au corps de la défunte, enjeu de beauté du lieu, pertes d'espèces qui ne vont pouvoir se reproduire et enfin enjeu juridique on pourrait porter atteinte à plein d'autres rivières si on s'attaque à celle-ci (en créant un précédent historique).

Est-ce que nourrir notre imaginaire par la fiction nous aide à changer notre positionnement ou notre réflexion sur des enjeux environnementaux ou autres ? (travail de groupe)

Après midi :

5 / Principe universels et cultures pluriels

Michael Walzer (1937-) : tradition juive, formation philosophique et d'historien, grande sensibilité à la question des contextes, à l'ancrage historique des évolutions. Il s'agit de mieux comprendre en remettant les concepts dans leurs perspectives historiques.
Réflexion sur la justice, question entre lien universel et ancrage local
- Universalisme réitératif, ou universalisme de basse altitude : on a parfois l'impression de valeurs surplombantes (justice, solidarité, etc...). Finalement la réflexion éthique est une réflexion en situation à la fois personnelle et collective. Ex : relecture sociale et politique du livre de l'Exode, relecture sociale-démocrate avec un angle politique : étude de la sortie du peuple Hébreu d'Egypte pour atteindre la Terre promise (terre où coulent le lait et le miel, image d'abondance désirable)
Du point de vue de l'universalisme, dans toute vie ensemble, des expériences fondatrices sont faites. Expérience à la fois pour un peuple dans l'histoire, mais qui est appelée à être renouvelée dans d'autres contextes, et qui finalement est une expérience commune libératrice : elle unit les peuples. Ces expériences fondatrices de l'histoire, qui sont exprimées de manière plus ou moins forte et violente (révolutions), permettent de faire communauté politique ensemble. Cela permet d'élargir la réflexion sur les valeurs universelles : inviter à reconnaître une expérience commune et collective, et repérer comment à travers la planète et les siècles, des expériences sont vécues à nouveau frais ; les gens en rendront compte de manière différente, avec différents mots et récits, mais en reconnaissant qu'il s'agit d'expériences fondatrices pour les sociétés.
Ex : la liberté, expériences de libération

Les cultures politiques évoluent en fonction des expériences, de l'interaction entre les gens, de la représentation des valeurs fondatrices dans la société. Il y a une diversité de culture, et donc différentes manières de se représenter la vie bonne, mais toute culture est un processus vivant, et le danger est de figer les cultures : cela peut provoquer un repli identitaire. On reçoit des ancêtres un héritage qui est appelé à être vivant : aucune culture n'est figée, seules de grandes tendances restent. Toute culture et toute société est appelée à faire un retour sur elle pour être appelée à évoluer selon son analyse, et selon les conditions favorables à un développement futur.

A travers la planète, nous sommes capables de nous reconnaître en tant que partie de l'humanité, un échange est donc possible : les gens sont capables de trouver des points communs.

Morale maximale (thick moral) :
Morale minimale (thin moral) : ex : écho des manifestations de 1989 à Prague, avec des pancartes et des mots comme solidarité et justice. Walzer se sentait partie prenante de ces notions et de ces valeurs, c'est la morale fine (fondamental, base) ; mais ces notions doivent avoir de la chair, être concrète : qu'est ce que je mets sous le terme de justice ? Qu'est ce qui est juste ? Les relectures de nos traditions ou de nos manières de faire doivent être des critiques internes. S'il n'y a pas de remise en question interne, les critiques externes (ex : critique des européens comme étant trop dualistes) ont peu d'effet sur notre manière de vivre et au désir de changer ; une réappropriation est nécessaire en interne pour trouver de nouvelles stratégies et déterminer de nouvelles transitions. Ex : système des castes en Inde, universellement critiqué avec les intouchables qui ont tous les droits. Critique car ce système ne respecte pas les droits humains fondamentaux. Walzer dit : une fois qu'on a critiqué ce système, qu'est-ce qui va faire bouger les choses en Inde ? Seule solution : réflexion interne en Inde pour faire changer les choses.

Mais du coup, y aurait-il des principes universels humains ? Les éléments que l'on retrouve d'une culture à l'autre forment la morale fine, mais nous n'y avons accès que par la médiation des morales maximales, en ayant une expérience marquée par un contexte. Il existe par conséquent des problèmes globaux qui ne peuvent pas être réglés à l'échelle d'une unité politique donnée. Comment fait-on pour prendre des objectifs liés à des valeurs partagées universellement tout en étant respectueux des traditions ou des cultures.

Bruno Latour : on donne différents rôles aux personnes de manière à pouvoir nous décentrer de notre rôle comme être humain et se mettre dans la peau d'un autre être vivant. Opération de pensée qui permet de symboliser que l'organisation sociétale et politique ne peut pas mettre de côté la nature.

Anthropologue : Arturo Escobar, Sentir, penser avec la terre : à certains égards proche de Walzer, respect de la diversité, des "pluri-verts" (différentes manières de concevoir le rapport de l'homme à la nature). Mais lorsqu'on regarde les traditions et les cultures des sociétés, on peut observer des prédateurs existant, ou des personnes extérieures qui viennent s'immiscer dans les sociétés et qui sont délétères pour la cohésion sociale. Il défend tellement la diversité des cultures qu'il n'est plus universaliste.
L'auto-critique fait partie de la modernité, et il s'agit d'une bonne chose.

6/ Justice écologique et sociale et responsabilité élargie

Interrogation sur la justice est fondamentale dans la question de la transition
John Rawls, Théorie de la justice
Comment arrive-t-on à définir des principes de justice ? Rawls se situe dans une théorie de contrat social comme Rousseau.
Etat de nature fiction de Rousseau, sans la vie en société.
C'est quand on a commencé à mettre des barrières et des normes que des situations d'injustice et d'inégalités sont apparues, d'où la nécessité de créer des institutions, d'établir un contrat social pour définir un principe de justice.
Rawls : imaginons des personnes qui doivent faire société ensemble, personne ne sait quelle place il aura dans la société, ni quelles règles régiront la justice
Position dite originelle, ou innocente.
Nous devons donc réfléchir ensemble à ce qui va faire de notre société une société juste.

Grands principes :
  • Equité : distinction entre égalité (on donne la même chose à tout le monde) et équité, où l'on distribue à chacun des ressources pour que chacun ait les mêmes opportunités.
  • Séparation des pouvoirs : pas de conflit d'intérêt ; critère très Walzérien
  • Egalité de traitement ou plutot Egalité des chances : harmonisation pour que tout le monde ait les même chances au départ
  • Améliorer la situation du moins bien loti
  • Développer son potentiel sans barrière sociale
  • Limites
  • Solidarité
Les valeurs que l'on vient de voir vont au-delà de la justice distributive : il s'agit de considérer la justice au-delà de simples règles d'allocations de ressources, de définir comment se fait le partage.
Référence : Equality of what ? Amartya Sen, quelles égalités pour la société ? Il est compliqué de déterminer un critère pour vérifier que les membres d'une société sont égaux.

Question de Rawls : quels choix politiques pour réduire les inégalités ?
- Critère utilitariste moyen : objectif d'améliorer la situation du plus grand nombre, ou la situation du moyen
- Critère d'amélioration de la situation des plus pauvres.
Cela implique des choix politiques complètement différents.
Référence : Le facteur 12, Gaël Giraud, Cécile Renouard : il faut plafonner les revenus pour réduire les inégalités de revenus, objectif de mettre ce débat sur la place publique, pour susciter de la discussion.

Critères de Rawls :
  • Principe d'égale liberté : défense des liberté et des droits individuels
  • Principe d'égalité des chances
  • Principe de différence (Maximin : maximiser la part des plus défavorisés)
  • Walzer reproche à Rawls cette définition très abstraite : elle ne prend pas en compte le contexte culturel et historique : on ne peut pas imaginer que les citoyens vont reprendre le débat à la base sans aucune influence du contexte politique qui existe depuis des siècles. Certaines personnes ont tendance à acquérir des monopoles dans des sphères, et l'on voit apparaître certaines sphères dominantes et ont tendance à gagner dans toutes les autres sphères (on envoie ses enfants dans les meilleures universités américaines, fréquenter les meilleurs milieux, avoir accès à la culture, aux arts… bref ils ont tout). Du coup principe de limite : comment limiter ceux qui ont vraiment accès à tout dans la société. A l'inverse, comment empêcher le manque de moyens dans tous les domaines des plus défavorisés (qui par la même occasion perdent l'estime d'eux-mêmes à force de ne plus avoir accès à rien).
  • Paul Ricoeur propose une Articulation entre justice et amour, amour et justice logique de surabondance et d'équivalence.
  • la logique de surabondance : comment dans la société en permanence d’autres choses se jouent relationnellement permettant de dépasser une logique de stricte justice
pour cela il faut que toutes les règles soient traversées par les logiques de surabondance.(philanthropie, don, gratuité)
Attention ces logiques de surabondance ne peuvent se substituer à des logiques d’équivalence cad de justice sur ceux qui donnent et ceux qui reçoivent : charité / justice fonctionnent ensemble

Quels sont les critères de justice ?à envisager avec la dimension du don et de la gratuite
REF Marc Fleurbay : étudie la manière dont des critères de justice peuvent intégrer l'économie et les mathématiques

Si on limite le poids des institutions cf anarchie,il peut y avoir un effet de taille des sociétés (ok pour petites communautés) si non c'est la loi du plus fort de la sociocratie.
Séparation des pouvoirs pour renforcer le fait d'avoir de la place pour de la créativité et de la liberté individuelle, avec l existence de contre pouvoir,pour éviter un fonctionnent en société totalitaires

Walzer pour penser la société plus juste parle du critère de l’égalité complexe, qui permet à chacun d’être reconnu dans telle ou telle sphère de son existence et acquiert le respect de soi, l’estime de soi. C'est ce que l'école devrait donner, avoir le respect de soi.
Valoriser et reconnaître les talents de chacun pour avoir l'estime de soi et ultimement pour une société juste que chacun ait la bonne estime de soi indépendamment des jugements des autres;

Ceci afin que chacun puisse avoir sa place au sein de la société.
Le développement c'est la qualité relationnelle avec soi avec les autres avec la nature ,a l’échelle individuelle et a l 'échelle collective. Ainsi on est plus ajusté sur la réflexion sur la croissance. Est ce que ce je fais contribue a la qualité relationnelle?
Il y a les relations immédiates et les relations institutionnalisées sans lien direct mais je peux m’intéresser aux conditions de la chaîne (cf commerce équitable).

II. Developpement durable


Il faut rajouter la dimension politique au schéma

L’économie du donuts :

  • Se trouver entre deux frontières les besoins des hommes et les limites de la planète. Juste milieu entre les 2

  • Entre ces deux limites on peut évoluer

Raréfaction des minerai cf Philippe Bihouix (la guerre des low tech) et Guillaume Pitron (lecture géopolitique) cf la guerre de métaux rares.
  • Cas Michelin au Tamilnadou avec des tensions ou le CCFD et Sherpa avaient déposé plainte contre Michelin pour violation des droits fondamentaux lors de la construction de l'usine.

  • Responsabilité de l'entreprise
  • L'entreprise comme commun cf schéma de Cecile ,on passait sous silence des aspect eco financier. Les entreprises ne parlent que de leur propre développement durable. Ils ne prennent pas en compte le prisme eco et politique local.
  • Dire que l'entreprise est un acteur à la fois politique et économique. Politique car capacité à influer sur réglemtentations, faire lobbying.
  • RSE telle qu'elle est comprise aujourd'hui ne traite pas le pb à la racine. Aborder le pb de façon plus systémique.

  • Économique et financière : comment je crée de la valeur et comment je la répartit

  • Sociale: responsabilité vis à vis des travailleurs impliqués dans la chaîne de valeur (mondiale), initiatives tripartites

  • Sociétale et environnementale : qu’est ce qui est mis en place pour compenser les impacts de la chaîne de valeur

  • Politique : enjeux de gouvernance de l'entreprise et des biens communs (mondiaux)


Qu : c'est qui le gendarme de tout ça ? Swan abordera le côté juridique.
Qu : comment les (chefs d')entreprise peuvent garder les yeux fermés sur conséquences de leurs actes ?
Syndrome du bon élève qui finalement se cache derrière la performance et l’envie de bien faire dans leur mission. Vision très technique
cf livre l’Éthique et l'entreprise ou on aborde les GPE (gros porcs d 'expatriés) et le fait qu'ils sont scindés....
Quels espaces on peut créer dans l'entreprise ou à l'extérieur ? Permettre à des personnes dans une entreprise de prendre différentes casquettes pour s’impliquer collectivement et c’est parce que ces personnes ne sont pas toutes seules qu’elles ont le courage de se mettre en risque.
C'est grâce au collectif derrière eux qu il se rassurent et peuvent s'exposer médiatiquement.

--> Si le développement durable c’est la qualité relationnelle on peut l’envisager dans l’entreprise



Journée du 06/04
  • Ethique et entreprise :


https://pad.colibris-outilslibres.org/p/EthiqueEntreprise

La présentation de Cécile Ezvan : C_Ezvan_Approche_Capacites_T_Camp_avril2019.pdf (13.5MB)

Réflexion éthique à partir de l'approche des capacités et de Martha Nussbaum -Par Cécile Ezvan-


Hier : indicateur de capacité relationnelle. L'idée de capacité a été développée par Martha Nussbaum, l'approche des capacités est utile pour réfléchir au croisement de plusieurs disciplines
Martha Nussbaum : anthropologue et philosophe, travail avec et sur les femmes indiennes.

Cécile Ezvan :
Découvre Marta Nussbaum par Cécile Renouard quand elle était en Inde.
1e objectif : trouver un cadre conceptuel qui permettait de trouver des dilemmes éthiques et économiques notamment dans le contexte indien et la place des femmes dans cette société.
Avant : école de commerce, travail dans le conseil auprès d'entreprises (approche instrumentale, conseil stratégique), interrogations sur ce type de regard et de métier, a toujours eu un intérêt pour la philosophie et a voulu relier économie et philosophie.
Actuellement : post doc à l'ESCP chaire économie circulaire et développement durable, membre du CA du Campus de la Transition


I. Introduction à l'approche des capacités (définitions)


Plus ancien que A. Sen et M. Nussbaum, vient d'Aristote au départ; article où M. Nussbaum part des vertus aristotéliciennes pour définir des dispositions humaines. Selon Arsitote, capacités = Dispositions et capacités de l'Homme qu'il peut mettre en pratique pour s'accomplir en tant qu'homme.

Remis au goût du jour par Amartya Sen : développement humain, processus complexe d'expansion des capacités des individus :
  • "l'ensemble des possibilités d'être et de faire que les personnes ont des raisons de choisir et de valoriser"
  • "la liberté substantielle de mettre en œuvre diverses combinaisons de fonctionnement"

Amartya Sen

: économiste indien qui a passé son enfance au Benghal, frappé par les famines : malgré l'existence des ressources, les gens mourraient de faim par manque d'allocation des ressources. Il a réflechi aux questions de qualité de vie : accès à des biens ne suffit pas pour avoir une bonne qualité de vie. Il définit la qualité de vie selon les capacités.
Première définition de capacité : ce que je suis capable de faire et d'être.
Prix Nobel d'économie pour la définition de l'IDH, qui ne prend pas seulement en compte des outils économiques (indice de développement humain).

Martha Nussbaum

:
  • Philosophe et juriste, enseignante à l'univ de chicago : approche éthique politique et juridique
  • Quelles sont les conditions pour avoir une vie digne ?
  • Même notion que Sen, c'est la notion d'accès au fonctionnement humain, sauf qu'elle ne s'intéresse pas au même angles (éthique, juridique et politique) : quels principes devraient être inscrits dans la Constitution pour que les hommes aient accès à cette qualité de vie définie selon Sen?
De son point de vue, on peut spécifier les capacités, elle définit aussi un seuil de ressources normé pour accéder aux capacités.

3 notions dans l'approche des capacités :
1/ Le fonctionnement : la capacité de mise en œuvre
Alors que les capacités correspondent à des libertés, les fonctionnements sont des capacités de mises en œuvre, fait de pouvoir être et faire quelque chose (potentialités, réalisations et droits d'accès). Les droits ne suffisent pas toujours pour avoir accès aux capacités.
Le fonctionnement est un accomplissement, alors qu'une capacité correspond au pouvoir de l'atteindre.
- les fonctionnement sont des aspects des conditions de vie
- les capacités, au contraire, correspondent à des libertés, au sens positif : " quelles sont les vraies opportunités que vous avez dans la vie que vous pouvez mener ?" (Sen, 1987)
- Les ressources

Ex du vélo : vélo = le bien, la ressource. Pour pouvoir faire du vélo qui est le fonctionnement. C'est plutôt des étapes successives (facteurs de conversion) qui permettent d'apprendre à faire du vélo (pas des sous-ensembles) et une fois qu'on prend notre vélo et qu'on en fait, on est dans le fonctionnement. Approche par les capacités, on impose pas à tout le monde de faire du vélo.

Les facteurs de conversion : l'approche des capacités insiste sur le fait que ce n'est pas parce qu'il y a des ressources disponibles que tout le monde a les capacités pour en profiter. Les facteurs de conversion relèvent de plusieurs dimensions :

  • 1. caractéristiques personnelles (conditions physique, métabolisme, sexe, intelligence) influencent la manière dont une personne peut convertir des ressources en fonctionnement

  • 2. caractéristiques sociales (les politiques publiques, les normes sociales, les pratiques discriminatoires, les castes) (ex du droit de vote : même si tout le monde l'a, avez vous la capacité effective d'aller voter ?)

  • 3. caractéristiques environnementales (climat, infrastructure, institutions, biens publics, etc)

Si l’État est juste, il doit fournir à tout le monde les capacités de faire.

L'approche des capacités est une approche individuelle. Nussbaum a travaillé à la critique de l'utilitarisme, dans la même lignée que Mill, notamment par rapport à l'idée selon laquelle on peut se préoccuper du bonheur du plus grand nombre en passant à côté des bien être individuels. Il faut remettre au centre la vie digne de chacun, d'où la distinction entre les capacités comme choix individuels et les capacités comme droits.
(EX avec la faim : si B a faim, lorsque l’on remplit l’estomac de A, ceci n’enlève pas la faim à B)

Cf schéma "cadre conceptuel de l'approche des capacités"

Agrarian citizenship = l'idée selon laquelle les capacités individuelles ne suffisent pas dans le cas de la souveraineté alimentaire, il faut s'inscrire dans un contexte sociétale globale. Ex : savoir comment se nourrir ne suffit pas pour effectivement bien se nourrir (demander à Marion pour plus d'info :))


II. Capacités relationnelles, valeurs du travail et bien vivre (présentation de la thèse)


Titre de la thèse : Valeurs du travail et capacités relationnelles. Réflexion éthique et managériale à partir de la pensée de Martha C. Nussbaum
A terme faire le lien entre éthique et gestion, et réfléchir à l'approche entreprise avec une vision philosophique.

Nussbaum est allée en Inde pour observer la SEWA (self employed women association, ONG, + de 50 000 femmes aidées) : syndicat et sytème de microcrédits avec la vocation de regrouper des femmes qui souhaitent contrôler et planifier leur propre vie : marchandes de cigarettes ou petits produits comme ça, au niveau de vie peu élevé, dans le but de développer d'autres capacités comme compétences professionnelles (apprendre à lire/écrire...) et personnelles fondamentales (capacités relationnelles). Nussbaum a étudié les leviers dont ces femmes disposent pour accroitre leurs capacités.
Exemple de la travailleuse indienne indépendante divorcée d'un mari violent : elle a tout d'abord une capacité de choix très limitée puis la rencontre avec SEWA lui a permis 1 de se rendre compte qu'elle pouvait développer ses capacités 2 de les développer effectivement (personnelles comme l'amitié et professionnelles). Elle finit par disposer de la capacité de (à ?) décider qui elle voulait être. Dans ce cas comme dans la plupart, on observe le fonctionnement (capacité de mise en œuvre). Il est plus difficile de rendre compte des potentialités.

3 angles d'analyse (anthropologique, épistémologique et éthique) dans la thèse de Cécile Ezvan dans le but de construire une théorie de la valeur de travail qui prend mieux en compte l'idée de développement humain individuel et collectif : le travail au delà de sa dimension économique.

RQ : capacité sans fonctionnement possible si la capacité n'est pas mise en œuvre. Ex : manger, on peut avoir la ressource mais décider de jeûner. Par contre ça n'a pas de sens de parler de fonctionnement sans capacité.
On évalue les fonctionnements sur base d'interrogation des personnes. Mais aussi de façon plus objective en interrogeant les politiques mises en place, en regardant ce qu'il se passe.

Thèse de la thèse : la valeur du travail à l'échelle individuelle et collective peut être définie en termes de contribution au bien vivre à partir de l'approche des capacités. Cette approche multidimensionnelle de ce qui a de la valeur pour les êtres humains permet de mettre en évidence en contrepoint à la valeur marchande grâce au lien social et en respectant la pérennité des écosystèmes ???
Le marché est encore aveugle à ces dimensions qui conditionnent pourtant la qualité de vie des être humains court moyen long terme

Liste de 10 capacités centrales d'abord construites dans approche essentialiste (pour atteindre la vie bonne) et complétée par regroupement : vie (pouvoir mener une vie jusqu'à son terme), santé du corps, intégrité du corps, imagination et pensée, émotions, raison pratique, affiliation, autres espèces, jeu, contrôle sur son environnement (Liste ouverte et évolutive selon le contexte).
Elle insiste sur les 2 capacités architectoniques (sans elles on ne peut pas développer les autres, elles sont transverses) :
  • la raison pratique (capacité de discernement et de choix) : rejoint les questions d'information, d'éducation
  • l'affiliation (respect de soi et de la relation avec les autres) : conditionne le développement des autres capacités
(3e capactié architectonique aujourd'hui serait celle de l'intéraction avec son environnement, capacité qui semble de plus en plus centrale en ces temps)

Seuil :
  • "l'objectif politique pour tous les êtres humains d'un pays doit être le même : tous doivent parvenir au delà d'un certain seuil de capacité combinée, non pas au sens obligation de fonctionnement mais d'une liberté substantielle de choisir et d'agir." (Nussbaum, 2012)
-> privilégier les plus vulnérables pour construire une société juste.
CCL: Le cadre de Nussbaum est un bon cadre pour penser la société que l'on voudrait voir émerger.


Premier chapitre : critique utilitaristes
Préférences adaptatives : le Bien-être prend en compte les préférences or celles ci ne sont pas un bon critère car elles sont adaptatives. Dans le cas de personnes en situation de précarité, celles ci adaptent leurs préférences à l'horizon qui leur semble atteignable (ex du salaire : quelqu'un qui est payé 10 roupies va vous dire que cela lui convient car il ne peut pas espérer mieux). S'applique aussi à l'entreprise : ce n'est pas parce que les gens disent qu'ils sont satisfaits que cela est vrai (peut s'appliquer dans le cas de professions valorisées mais avec une charge charge horaire trop importante ou à travail avec dilemme éthique).

Troisième chapitre : le travail et le bien-vivre
La vie bonne est liée au contexte et à l'activité. Cécile a adapté la liste des 10 capacités au monde du travail (à partir de La fragilité du bien de M. Nussbaum).
Il faut reprendre à la source l'idée de capacité relationnelle : utiliser la relation à soi et aux autres dans le contexte du travail pour voir si on avait accès au travail ou non.

Le but est également de travailler sur les évolutions actuelles du travail (à partir de plusieurs oeuvres : Métamorphoses du travail, A. Gorz + Le travail invisible, PY Gomez + La fin du travail, J. Rifkin). Dans quelle mesure ce contexte et les transformations qui touchent le travail aujourd'hui développent les capacités ? Quelle sont les capacités développées ?
Ex de l’uberisation : permet à certaines personnes d'avoir un travail, des relations, une expérience et en même temps, politique de travail de Uber, pas de syndicats, libéralisation. Discerner ce qui est bon ou pas, ce qu'il advient des capacités de chacun dans un contexte de travail.

En utilisant l'approche des capacités, Martha Nussbaum contourne la critique habituelle de l'approche par les droits de l'homme occidentaux, centré sur des droits individuels et non sur droits ou approches collectifs. L'approche des capacités se veut un moyen fécond pour faire évoluer des groupes humains à travers le monde (individuel et collectif).


III. Atelier de réflexion sur le développement des capacités au travail/en entreprise


travail de groupe de 2 ou 3 :
  • Quelles sont les capacités qui peuvent être empêchées ou développées dans le cadre du travail ? (constat)
  • Quelles actions pouvons nous mettre en œuvre pour faciliter les capacités ? (actions préventives ou correctives à titre individuel ou collectif)

- la relation à l'environnement (nature) est souvent mise de côté dans l'entreprise, solutions correctivs proposées : fleurir les bureaux, mettre en place des jardins partagers, AMAP d'entreprises + réussir à réinscrire l'entreprise dans son territoire
- capacité de création : mise en place de temps collectif pour que le lieu de travail soit un lieu de vie
Reflexion sur le teambuilding et du temps associé : quel temps donné à ces activités collectives, temps du travail ou temps de vie privée ?
- agir sur le travail en lui même : ex du travail en usine où il n'y a pas de marge de manoeuvre et ex des entreprises libérées
- Capacité à avoir vie privée (lien avec temps libre et avec notion de gratuité)
- la raison pratique est parfois mise à mal, solutions correctives proposées : modifier la gouvernance d'entreprise afin que chacun puisse s'exprimer sans craindre de retour de baton
- la créativité est peu développée, solutions correctives proposées : mettre en place des formations en entreprise
- les émotions comme capacité entravée par le travail (neutralité émotionnelle, masculinisation du travail, au travail on n'est pas censé mettre en avant ses émotions), solutions corréctives proposées : augmenter la parité Homme/Femme dans un schéma selon lequel on pense que les femmes sont plus à mêmes de partager leurs émotions + pouvoir exprimer ses émotions en créant un espace dédié ou avec l'accompagnement d'une personne désignée (happyness manager)
- l'affiliation serait sous développée en entreprise car 1 il y a une certaine forme d'entre soi (au niveau de notre strate dans l'entreprise, on se retrouve avec des gens qui nous ressemble) 2 à cause de la compétition qui peut exister sur le marché du travail
- Rq sur la participation politique de chaque salarié au sein de l'entreprise (ex en permettant aux employés de prendre des jours pour faire du bénévolat, si'mpliquer dans des projets extérieurs à l'entreprise ou en lien avec l'activité de l'entreprise). Moyen aussi de donner du sens aux salariés à leur travail. Attention : c'est également à double tranchant (green washing). Interrogation sur rôle politique de l'entreprise en tant que tel.
- Raison pratique et affiliation sont mises à mal en entreprise : notre autonomie est limitée, certains employés subissent des mal traitances, solutions correctives : le jeu, très important pour instaurer une bonne ambiance
- Sens, imagination et pensée : créer groupes de travail pour faire activités hors travail (ex visiter un musée
- Affiliation : Gouvernance partagée
- Emotions et confiance en soi : insister sur le droit à l'erreur pour contrecarrer la peur de mal faire, mise en place de programmes de méditation de pleine conscience pour développer ses capacités attentionnelles, prendre en compte ses capacités émotionnelles, l'intelligence émotionnelle (ex à Air France) et des programmes de formation managériale (jeux, travail d'équipe)
Attention pb avec tout ça : on crée un collectif mais n'incite pas à réfléchir sur business model de l'entreprise + problème d'intention (in fine on recherche une augmentation des performances) + renforcer le côté coconing ou lieu de vie de l'entreprise tend à faire taire les critiques vis-à-vis de l'entreprise
RQ sur termes anglais (termes non traduits et intentionnellement vagues et donc hypocrites)
- Promotion de l'autonomie via des programmes d'empowerment (financements de projets locaux à l'initiative des employés), d'intraprenariat (encourager à l'entreprenariat au sein même de l'entreprise, mettre en oeuvre des idées plutôt personnelles en sein de l'entreprise)
- Attention : rendre en compte le fait que certaines entreprises sont des mastodontes (+ 50 000 employés) donc il est impossible de mettre en place des projets de façon homogène, de toucher tout le monde
Question de "démarche éthique de l'entreprise". On ne peut pas attendre d'une entreprise seule qu'elle change.
Quelles sont les finalités de l'utilisation des mots comme développement durable, transition, économie circulaire ?


IV. 3 QUESTIONS


1 Vos enjeux actuels ? Vos moyens d'actions et ceux qui vous manquent ?

Enjeux du moment = à titre professionnelle, intégrer davantage la philosophie et les sciences humaines dans les écoles de commerce. Pour l'instant, elle n'a pas suffisamment de pouvoir et d'influence pour le faire. Aujourd'hui, même si bcp sont convaincu, les institutions (écoles et autres) sont structurées de façon octogonales (indicateurs de peformances dans le but de gagner toujours plus d'argent VS le souhait de préserver la planète et de lutter contre les inégalités).
Les moyens : avoir du temps, proposer des séjours, même pas loin (dans Paris rencontrer des personnes victimes de ces mangements dont étudiants ne croient souvent pas à l'existence)

Enjeu perso : transformer sa maison en maison presque passive (neutre en carbon) : bcp de travaux dans le mois qui vient, démanagement

2 Que feriez vous à notre place ?

Profiter de TCAMP pour s'informer au maximum sur les enjeux sociaux et écologiques, sans connaissance on ne peut rien faire
Profiter aussi pour tisser des liens entre nous car seul on avance moins vite, surtout sur ces sujets là où peu de gens sont tant impliqués.

3 Votre dernière victoire ?

Soutenir sa thèse en philosophie économique !
Aller travailler à vélo (10 km x2)


Bibliographie et ressources suplémentaires : CEzvan_Nussbaum_et_CA_biblio_pour_T_Camp.pdf (0.1MB)
====Bibliographie====
 -Bonneuil C. et Fressoz J-B. (2013), //L’événement anthropocène//, Paris, Seuil.
 -Bourg D., Whiteside K. (2010), //Vers une démocratie écologique//, Paris, Seuil.
 -Bourg D. et Fragnière A. (2014), //La pensée écologique. Une anthologie//, Paris, Puf.
 -Bourg D. et Papaux A. (2015), //Dictionnaire de la pensée écologique//, Paris, Puf.
 -Coriat B. (dir.) (2015), //Le retour des communs. La crise de l’idéologie propriétaire,// LLL.
 -Dardot P. et Laval C. (2014),// Commun. Essai sur la révolution au XX° siècle,// Paris, La découverte.
 -François (Pape) (2015), //Encyclique Laudato si’ sur la sauvegarde de la maison commune.//
 -Gandhi, Hind Swaraj (1909), trad. //Annie Montaut//, Paris, Fayard, 2014.
 -Giraud G. et Renouard C. (2012, 2ème éd. 2017), //Le Facteur 12. Pourquoi il faut plafonner les revenus//, Paris, Carnets Nord.
 -Graeber D. (2011), //Dette. 5000 ans d’histoire//, Paris, Les Liens qui Libèrent, 2013.
 -Hess G. (2013), //Ethiques de la nature//, Paris, Puf.
 -Illich I. (1973) //La convivialité, in Œuvres complètes, volume 1//, Paris, Fayard, 2004, p451-580.
 -Mill J.S. (1848),// Principes d’économie politique.//
 -Nussbaum M. (2006), //Frontiers of justice//, Cambridge, Harvard University Press.
 -Rawls J. (1987), //Théorie de la justice//, 1971, trad. par Catherine Audard, Paris, Seuil.
 -Renouard C. (2013), //Ethique et entreprise//, Paris, Atelier, édition de poche, 2015.
 -Renouard C. (2015), //« Climat : discerner et négocier hors du cadre pour recadrer l’économie »//, Négociations, n°2, p. 9-23.
 -Renouard C. (2015), //« L’affaire de tous. Libéralisme et théories de la justice sociale et écologique »//, Revue française des affaires sociales, n°1-2, p.13-32.
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 -Taylor C. (1989), //Les sources du moi. La formation de l’identité moderne//, Paris, Seuil, 1998.
 -Walzer M. (1983), //Sphères de justice//, Paris, Seuil, 1997.